5 ans après l’entrée en vigueur de la Cour pénale internationale...

Par Simon Foreman, Président de la CFCPI

5 ans après l’entrée en vigueur de la Cour pénale internationale…

Ce premier juillet marque le 5ème anniversaire de la Cour pénale internationale. Après sa soixantième ratification, le Statut de Rome entrait en vigueur le 1er juillet 2002. Cinq ans plus tard 104 Etats y sont désormais parties et montrent ainsi à l’ensemble de la communauté internationale leur volonté de mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves.

Mais la lutte contre l’impunité commence au niveau national devant les juridictions internes. Sans l’implication des tribunaux nationaux, la CPI ne pourra mener à bien la mission qui lui est assignée et les auteurs de crime de guerres, crimes contre l’humanité et génocides resteront largement impunis.

La justice française doit donc être mise en mesure de juger les auteurs de tels crimes. C’est le principe de complémentarité inscrits dans le Statut et sa mise en œuvre est un engagement pris par la France qu’elle ne tient toujours pas. Les crimes de guerre, par exemple, ne sont toujours pas réprimés pénalement dans notre pays. Le projet de loi adopté en juillet 2006 par le Conseil des ministres n’a jamais été inscrit à l’ordre du jour du Parlement, pas plus que ne l’avait été la proposition de loi du Sénateur Badinter portant sur le même sujet en 2003. Cela ne peut pas durer ! La France est de plus en plus isolée, en Europe et ailleurs, et sa crédibilité dans le soutien à la Cour pénale internationale en est affectée.

Incriminer les crimes de guerre comme le fait le projet de loi est donc nécessaire. Mais cela ne suffira pas : il faut aussi aller au bout de la logique instituée par le Statut de Rome et les rendre imprescriptibles, comme le sont déjà le génocide et les crimes contre l’humanité. Et pour que fonctionne effectivement la logique de complémentarité entre la CPI et les tribunaux internes, il faut que ces derniers soient rendus compétents pour juger les auteurs des crimes internationaux les plus graves où qu’ils aient été commis et quelles que soient la nationalité de leurs auteurs et de leurs victimes. Cet effort a déjà été accompli en matière de crimes de torture, de terrorisme, de corruption : ne pas l’étendre au génocide, au crime contre l’humanité et aux crimes de guerre finirait par transformer la France en îlot territorial d’impunité et en terre d’asile pour les responsables des crimes internationaux les plus graves.

Notre pays est à juste titre fier du rôle parfois considérable qu’il a joué sur la scène internationale dans la promotion d’un système de justice pénale internationale. Non seulement il a cessé de montrer l’exemple, mais le reste du monde avance maintenant sans lui. En ce cinquième anniversaire de la Cour, notre Coalition le demande instamment : rattrapons ce retard !

date de publication : 29 juin 2007

Ressources thématiques

Lettre d’information

Retrouvez l’actualité de la CPI, les actions conduites par la CFCPI, des interviews, des événements... s'inscrire à la lettre

Les recommandations de la CFCPI sur le projet de loi

Résume des recommandations de la CFCPI aux parlementaires sur le projet de loi portant adaptation du droit pénal français au Statut de la Cour pénale internationale lire la suite

Un nouveau juge français à la CPI

L’Assemblée des Etats parties élit trois nouveaux juges lire la suite

La compétence universelle : ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas

Questions et réponses sur la compétence universelle lire la suite

lettre d’informations n°8

Mai 2008 lire la suite

Jean-Pierre Bemba arrêté par les autorités belges

La CPI annonce l’arrestation, en Belgique, de l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba, recherché pour les crimes commis par ses troupes en Centrafrique en 2002-2003 lire la suite

Après le vote au Sénat, la France reste une zone d’impunité pour les auteurs de crimes internationaux commis à l’étranger

Après le vote du Sénat, la CFCPI dénonce un texte complaisant lire la suite

La France a retiré la "déclaration de l’article 124"

Rachida Dati a annoncé la pleine reconnaissance par la France, à compter du 15 juin, de la compétence de la Cour pénale internationale lire la suite

Le Procureur Moreno Ocampo demande l’arrestation du président du Soudan

Après l’arrestation de Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président de RDC accusé de crimes commis en Centrafrique, c’est aujourd’hui le chef d’Etat soudanais qui est visé, à propos du Darfour. lire la suite

Rapport de Human Rights Watch sur la CPI

Human Rights Watch dresse le bilan de cinq années de fonctionnement de la CPI et formule quelques recommandations lire la suite

108 Etats parties au Statut de Rome

Ratification du Suriname et des Iles Cook lire la suite

Projet de loi : l’examen par le sénat

Télécharger l’intégralité du débat au Sénat sur le projet de loi d’adaptation au Statut de Rome lire la suite

Juger enfin en France les auteurs de crimes internationaux

La CFCPI proteste contre un texte que ses auteurs ont voulu rendre inapplicable. lire la suite

L’arrestation de Pinochet. Célébrer l’universel ou l’exception ?

Avec l’autorisation du Monde.fr nous reproduisons cette tribune publiée à l’occasion du dixième anniversaire de l’arrestation du général Pinochet. lire la suite

CPI - Dati veut aussi supprimer les tribunaux internationaux

Avec l’autorisation de Charlie Hebdo, nous reproduisons cet article lire la suite