Hommage à Goungaye Wanfiyo

Le président de la Ligue des droits de l’homme de RCA est mort le 28 décembre 2008

Maître Goungaye Wanfiyo, avocat et président de la Ligue des Droits de l’Homme de la République centrafricaine est mort le 28 décembre 2008, dans un accident de voiture, à 75 km de Bangui. Une enquête est ouverte, pour déterminer les circonstances exactes de ce drame.

Disparaît ainsi un des courageux et infatigables militants des droits de l’homme du continent africain. Il était réputé pour son sérieux, sa droiture, et son indépendance. Maître Goungaye Wanfiyo n’épargnait aucun dictateur ou tenant du pouvoir. Avocat brillant et pugnace, formé à l’université de Grenoble (France), il s’était refusé à la facilité d’une carrière en France pour revenir se battre auprès des plus faibles, des plus démunis, dans son pays, en République centrafricaine et impressionnait ceux qu’il approchait par son courage et son mépris du danger, des menaces de mort, des pressions qui s’accumulaient à son encontre.

Ainsi, il n’a jamais ménagé le régime Patassé. Il défendait d’ailleurs les victimes dans les procédures lancées par la Cour Pénale Internationale contre Jean-Pierre Bemba, allié de l’ex-président centrafricain ; il venait de recueillir des témoignages de victimes de crimes de guerre dans l’intérieur du pays quand il est mort.

Sans concession, Maître Goungaye l’était aussi avec le régime Bozizé. Il dénonçait sans relâche les jeux politiciens, la prédation, le tout avec un sens de la formule qui faisait mouche. Il avait ainsi accusé l’actuel président Bozizé de se servir de la Centrafrique comme d’un « butin de guerre ».

Le président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme dénonçait aussi les graves exactions des rebelles, des militaires contre les populations du nord du pays.

Au dialogue national qui s’est ouvert récemment en RCA, il avait été l’un des seuls, il y a dix jours, à s’offusquer que les victimes des crises successives soient oubliées.

Avec son franc-parler, son courage et sa rigueur, il s’attirait nombre d’ennemis, y compris dans l’entourage du chef de l’Etat. Maître Goungaye avait été menacé de mort à plusieurs reprises, et encore en juin dernier. Il avait également été arrêté, début septembre 2008, sous prétexte d’avoir gêné le passage d’un cortège présidentiel. Il avait été libéré sous les protestations nationales et internationales qui s’étaient élevées contre cette arrestation arbitraire, manifestement destinée à faire taire l’une des voix militantes du continent africain.

Sidiki Kaba, le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a déclaré « Nous perdons un grand militant des droits de l’homme. En Afrique il n’y en a pas beaucoup ! ».

L’avocat disait qu’on ne le ferait jamais taire et de fait, il ne s’est jamais tu, jusqu’à ce drame, sur la route. Mais sa voix amie continue à résonner, à faire écho.

Delou Bouvier (Syndicat de la Magistrature)

date de publication : 30 décembre 2008

Ressources thématiques

Lettre d’information

Retrouvez l’actualité de la CPI, les actions conduites par la CFCPI, des interviews, des événements... s'inscrire à la lettre

Juger enfin en France les auteurs de crimes internationaux

La CFCPI proteste contre le projet de loi voté au Sénat en juin 2008 et formule des recommandations. lire la suite

Nicolas Sarkozy interpellé par le Président de la Conférence des Eglises Européennes

Le Président de la Conférence des Eglises Européennes (KEK), le pasteur Jean-Arnold de Clermont interpelle publiquement le Président de la République sur le projet de loi d’adaptation du droit pénal français à l’institution de la Cour pénale internationale qui doit être prochainement débattu à l’Assemblée nationale. Il dénonce un texte, qui rendrait impossible la poursuite en France des auteurs présumés de crimes internationaux (génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité). lire la suite

Assemblée Nationale : La Commission des Affaires étrangères se prononce en faveur de la compétence universelle

La Coalition française pour la Cour pénale internationale (CFCPI) se réjouit de l’adoption à l’unanimité, le 8 juillet, par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, de plusieurs améliorations au projet de loi portant adaptation du droit pénal à l’institution de la Cour pénale internationale (CPI). lire la suite

Le projet de loi portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI devant les commissions parlementaires

Plus de neuf ans après la ratification du Statut de Rome par la France le 9 juin 2000, aucune loi n’est encore venue mettre en conformité le droit pénal français avec le Statut de la Cour pénale internationale (CPI). Pour mettre fin à cette lacune, un projet de loi portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI donne lieu depuis le mois de juin à des auditions devant les commissions parlementaires. lire la suite

Réponse du Gouvernement à la question écrite de Thierry Mariani sur la mise en conformité du droit pénal français avec le Statut de Rome

Par une question écrite publiée au Journal Officiel le 1er décembre 2009, Thierry Mariani, rapporteur du projet de loi pour la Commission des Lois avait interrogé le Gouvernement sur la mise en conformité du droit pénal français avec le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). lire la suite

Réaction à la tribune de M. Kouchner et Mme Alliot-Marie dans Le Monde du 7 janvier 2010 : Il ne suffit pas d’avoir les juges. Il faut encore les lois qui leur permettent d’agir

La Coalition française pour la Cour Pénale Internationale (CFCPI) a pris connaissance de l’annonce par M. Kouchner et Mme Alliot-Marie de la création d’un pôle « génocides et crimes contre l’humanité » au tribunal de grande instance de Paris mais demande au gouvernement de faire en sorte qu’elle s’accompagne du vote de la loi adaptant le droit pénal au Statut de la CPI. lire la suite

Communiqué de la FNDIRP. L’adaptation de la législation française au fonctionnement de la Cour pénale internationale

La Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes s’est vigoureusement engagée, aux côtés d’autres organisations, notamment de la Coalition française pour la Cour pénale internationale (CFCPI), en faveur de l’adaptation de la législation française au fonctionnement de la Cour pénale internationale (CPI). lire la suite

Dix ans de retard pour la "patrie des droits de l’homme"

Dans un avis adopté le 4 février, la Commission Nationale Consultative des Droits des l’Homme (CNCDH) interpelle pour la quatrième fois le Premier Ministre afin qu’il saisisse rapidement l’Assemblée nationale du projet d’adaptation du droit français à l’institution de la Cour pénale internationale (CPI). lire la suite

Conférence de révision du Statut de Rome : Un bilan de la Cour pénale internationale

De nombreux Etats, la CCPI ainsi que d’autres membres de la société civile ont noté l’importance de veiller à ce que la Conférence de révision ne se concentre pas uniquement sur les amendements. En effet, la Conférence doit également permettre de faire un bilan. Comme l’a précisé l’Équipe de la CCPI sur la Conférence de révision, « outre les débats sur des amendements au Statut largement soutenus, la Conférence de révision devrait permettre d’étudier les performances du système établi par le Statut de Rome. » lire la suite

Compte à rebours d’Amnesty International France contre l’impunité

Paris, le 3 mars 2010 - A moins de 100 jours de la conférence de Kampala en Ouganda, qui fera le bilan des premières années de fonctionnement de la Cour pénale internationale (CPI), Amnesty International France lance une campagne nationale afin que la France adapte dans les plus brefs délais son droit au Statut de la CPI. lire la suite

La CICC appelle les États à rejoindre la CPI avant la Conférence de Kampala

La CICC appelle les États à rejoindre la CPI avant la Conférence de Kampala. La Coalition mondiale rappelle que le 1er avril est la date de ratification butoir pour participer en tant qu’État partie à la première Conférence de révision de la CPI lire la suite

Débat organisé par la CFCPI et le Barreau de Paris sur "Les enjeux français de la justice pénale internationale"

Alors que les tribunaux ad hoc sont en voie d’achèvement de leurs travaux et que les États parties au Statut de Rome se réuniront à partir du 31 mai prochain pour la Conférence de révision du Statut à Kampala (Ouganda), la Commission ouverte « Droits fondamentaux » du Barreau de Paris a souhaité dédier – en partenariat avec la Coalition française pour la Cour pénale internationale – l’une de ses séances aux enjeux français de la justice pénale internationale. Ce débat sera l’occasion de revenir sur l’engagement de la France à la construction et au renforcement de ce nouvel ordre juridique international. lire la suite

Les juges de la CPI font droit à la requête du Procureur aux fins de l’ouverture d’une enquête sur les crimes contre l’humanité commis dans le cadre de la situation au Kenya

Le 31 mars 2010, la Chambre préliminaire II, à la majorité des juges, a fait droit à la requête du Procureur aux fins de l’ouverture d’une enquête sur les crimes contre l’humanité qui auraient été commis sur le territoire de la République du Kenya. lire la suite